Virginia, un jeu vidéo déconcertant

Virginia, un jeu vidéo déconcertant

Entre deux sessions de WoW (qui fera d’ailleurs l’objet d’un prochain article), j’ai eu l’occasion de me plonger dans l’univers très particulier de Virginia, un jeu indépendant sorti en septembre dernier sur PC, PS4 et Xbox One.

Présenté comme un « drame intéractif » à la première personne, ses créateurs parlent de sa conception comme d’une expérience étrange et déconcertante ayant donné lieu, ils l’espèrent, à un jeu tout aussi étrange et déconcertant. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le pari est réussi.

Scénario et Gameplay

Kingdom, été 1992. Anne Tarver, un agent du F.B.I. récemment promu, et sa coéquipière Maria Halperin, sont chargées d’enquêter sur la disparition mystérieuse de Lucas Fairfax, un adolescent.

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Le scénario, bien que classique, reprend davantage les codes narratifs du cinéma que ceux du jeu vidéo, faisant fi d’une certaine chronologie et de vraie transition entre les chapitres. L’élément qui surprend d’entrée le « joueur », ce sont des cuts soudains entre les scènes et les lieux qui nous laissent véritablement pantois. La réalité se perd parfois entre songes, réalité alternative et visions qui trouvent leur explication à des moments particuliers du jeu.

De plus, une absence totale de gameplay en rebutera plus d’un puisque Virginia repousse encore les limites de celles des jeux de Quantic Dream (dont je suis totalement fan) qui sont, rappelons-le, davantage axés autour de la narration et des émotions que dépendants d’un gameplay à proprement parler.

Ici, aucune de vos « actions » ne perturbera l’orientation du scénario ni n’influera jamais, de quelque façon que ce soit, sur celui-ci. Vous n’aurez qu’à suivre un chemin tout tracé, dans un décor linéaire et rester spectateur des évènements. Le « joueur » qui n’en a finalement que le nom a davantage l’impression de regarder un film d’animation. Les seules actions possibles consistent à avancer, appuyer sur une touche pour faire progresser l’histoire (sans cela, le jeu reste en pause sur le plan en cours) et plus rarement à trouver/observer des objets qui ne servent qu’à débloquer les divers trophées du jeu. Je l’avoue, jusqu’à la dernière minute, je me suis demandée si leur découverte conditionnait bel et bien la fin du jeu mais au regard de ma seconde partie, il semble que ce ne soit pas le cas. Même l’interaction entre les personnages est inexistante tant que l’action n’est pas déclenchée. Ainsi vous pouvez leur tourner autour plusieurs minutes sans qu’ils daignent poser ne serait-ce qu’un regard sur vous.

Le jeu surprend, déroute et l’on s’interroge sans cesse pour tenter d’assembler correctement les morceaux du puzzle et décrypter les divers plans. Même les rapports et les liens entre les personnages sont reconsidérés à mesure que l’histoire s’impose à soi, au fil de 42 courts chapitres. La mise en scène est d’ailleurs l’un des points forts du jeu car si l’on assiste au départ à une succession de scènes incompréhensibles et désordonnées, tout se met finalement en place à mesure que le « joueur » s’approche du dénouement. Malgré des qualités indéniables, on reste sur sa faim.

La séquence finale, très intense, nous laisse entrevoir une réponse à l’énigme mais retombe finalement comme un soufflé au générique, nous abandonnant à une libre interprétation et du même coup, à un goût d’inachevé. On aurait grandement apprécié un décodage de tous les éléments présents au sein du jeu et une VRAIE fin.

On finit par en conclure que le scénario de départ (délaissé à plusieurs reprises) n’est finalement qu’un prétexte pour dépeindre la psychologie d’une femme forte partie à la dérive et de ses relations avec son entourage. Les indices disséminés ça et là semblent n’avoir pas tous un réel intérêt et cela est bien dommage.

Bande son, Graphismes et Durée de vie

Bien que les dialogues soient inexistants, les émotions n’en sont pas pour autant absentes, notamment grâce à un character design des personnages simple mais étonnament expressif et une bande son très réussie.

Cette dernière retranscrit de façon assez juste la mélancolie, la tristesse, la tension ou la colère. Les mélodies (interprétées par l’Orchestre philharmonique de Prague) concourent beaucoup à l’immersion et à l’ambiance générale du jeu. Les graphismes sont, quant à eux, plutôt minimalistes mais suffisent au scénario. Certains effets de lumière n’en sont pas moins travaillés et l’ensemble reste très coloré et joli à regarder.

Malgré une histoire plutôt prenante, la durée de vie est très limitée puisque je l’ai bouclé en une session de 2h30 en essayant d’exploiter le jeu à son maximum. J’ai toutefois raté quelques éléments mais on pourra facilement relancer la partie au chapitre de son choix via le menu dédié. Cependant et contrairement à ce que l’on aurait pu croire, ce second tour n’apportera pas forcément plus de réponses au joueur et le seul bénéfice sera de débloquer de nouveaux trophées.

Attention, certains nécessiteront de recommencer le jeu au chapitre 1 et d’effectuer certaines « actions » dans l’ordre. Je vous conseille donc de lire ce guide si vous souhaitez le platiner. J’ai beaucoup apprécié la construction du « jeu », plutôt originale et novatrice, ainsi que la mise en scène digne d’un long métrage qui laisse place à plusieurs lectures du scénario. On soulignera une certaine ressemblance voire un hommage certain au cinéma de Lynch, qui a d’ailleurs inspiré les développeurs.

La durée de vie du jeu est assez courte pour épargner la lassitude au joueur. Cependant, j’ai regretté de ne pas avoir de réelle réponse par rapport à certains éléments du jeu. J’imagine que cela est volontaire de la part des créateurs mais cet aspect du jeu ne plaira pas à tous, de même que ce manque incontestable d’intéraction et de gameplay.  Je ne vous donnerai pas mon interprétation pour vous éviter tout spoil, mais n’hésitez pas à partager avec moi votre lecture du jeu et la comparer à la mienne en m’envoyant un petit mail, c’est toujours intéressant. 😉

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J’ai passé un agréable moment sur le jeu et je le recommande à tous les fans de ce genre narratif. Proposé à 9,99€, je trouve son prix un peu élevé, mais n’hésitez pas à vous le procurer lors des soldes.

Merci à Morgane de m’avoir permis de tester le jeu. 😉

A très vite !

2 réflexions sur « Virginia, un jeu vidéo déconcertant »

  1. Ce jeu a l’air intéressant et sa brièveté m’intéresse puisque je recherche un jeu de PC qui m’occupera pendant un voyage.

    J’avais beaucoup aime le trailer et cet article confirme mon premier ressenti.
    J’espère ne pas être déçu.

  2. L’univers de ce jeu me plaît beaucoup. En plus, il a l’air d’être facile à comprendre. Je vais tenter de me le procurer lorsqu’il y aura les soldes. Le seul point négatif, c’est la durée du jeu qui est trop courte.

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