Interview : Franck Thilliez

Interview : Franck Thilliez

Je crois que vous le savez à présent, la lecture est une de mes passions, si ce n’est la première.

Je n’ai de cesse de vous le dire, mon écrivain préféré est Franck Thilliez, c’est pourquoi j’ai décidé de l’interviewer pour le blog.

Après un contact rapide par messages, M. Thilliez a accepté de répondre à mes questions et je tenais une fois de plus à l’en remercier. J’espère que cette interview vous permettra, comme à moi, d’en apprendre un peu plus sur un auteur de polars qui cartonne et dont chaque roman renferme un mystère captivant !

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• Votre second roman, La chambre des morts, a été adapté au cinéma en 2007 et vous avez notamment écrit le scénario d’Obsessions pour la télévision. Est-il envisageable/prévu que d’autres de vos romans soient portés à l’écran ? D’autres fictions TV sont-elles déjà au programme ?

Cela est d’actualité, en effet. Les droits de La forêt des ombres avaient été bloqués pendant deux ans avant de retomber dans le domaine public, et d’être de nouveau optionnés il y a un an. Possible donc qu’il y ait un jour un film !  Le syndrome E, lui, sera adapté aux Etats-Unis, les droits viennent d’être cédés en janvier !

Concernant la TV, je suis actuellement en train de co-écrire, avec un autre scénariste, deux fictions de 90 minutes pour France 2 (deux projets avec deux co-scénaristes différents). Les tournages devraient s’effectuer cet été. L’un est un pur thriller, et l’autre, un polar !

• On se souvient de Mélanie Laurent dans le rôle de Lucie Hennebelle dans La chambre des morts. Si Hennebelle et Sharko devaient être portés à l’écran et que vous deviez choisir vous-même des acteurs pour ces deux rôles, lesquels (français ou non) choisiriez-vous ? Quels seraient ceux qui, à vos yeux, colleraient le mieux aux personnages que vous connaissez si bien ?

J’ai toujours trouvé que Mélanie Laurent collait très bien au personnage de Lucie Hennebelle, même si elle était sans doute un peu trop jeune, car Lucie a en réalité quelques années de plus. Lorsque j’écris, je n’essaie jamais d’imaginer des acteurs, mes personnages appartiennent à l’imaginaire, et chaque lecteur peut avoir sa propre image d’un Franck ou d’une Lucie. S’il faut vraiment donner un casting, pour Sharko, j’aurais adoré un Paccino ou un De Niro avec quelques années de moins, et pour Lucie, Jodie Foster, elle aussi avec quelques années de moins !

• Dans vos romans, vous abordez des thèmes et des sujets parfois controversés, parfois peu ou mal connus mais toujours énigmatiques et captivants sur le corps humain, la mémoire, la psychologie, les actualités : Comment vos idées vous viennent-elles ? Sont-elles la raison ou plutôt le fruit de vos recherches (ou les deux) ?

Quand j’étais adolescent, je regardais de nombreux films dans la catégorie « polars », avec un attrait plus prononcé pour les thrillers et les films d’horreur. Je ressentais alors deux curieux sentiments, complètement opposés : l’excitation et la peur. C’est-à-dire que je ne pouvais m’empêcher de regarder ces films, j’y prenais du plaisir, mais en même temps, je ressortais de la projection complètement terrorisé ! Cela me faisait le même effet avec les livres de Stephen King. Je me suis posé beaucoup de questions sur ce double sentiment, j’étais en admiration devant les romanciers et cinéastes capables de le provoquer. Quand je me suis mis à réfléchir à des histoires en tant que romancier, j’ai essayé de reproduire ce schéma d’enfance. Au fond, je crois que c’est ce que les lecteurs de thrillers recherchent : prendre du plaisir à se faire peur. Pour l’aspect scientifique, tortueux, c’est parce que j’ai une formation scientifique, j’aime beaucoup les maths, la physique, les problèmes de logique complexe. J’essaie d’écrire des histoires qui ressemblent à ce genre de problèmes. De plus, les sujets que j’aborde me fascinent.

• Votre premier métier (Ingénieur en nouvelles technologies) vous apporte-t-il de la matière, de l’inspiration et des éléments qui vous aident dans votre réflexion ou dans la phase d’écriture de vos romans ?

Il m’aide à élaborer la structure de mes histoires, à les rendre complexes et cohérentes. Pendant l’écriture, il faut beaucoup d’acharnement et de rigueur, qualités que l’on développe lorsque l’on fait des études prolongées, notamment à base de maths et physique. Le genre du thriller est un genre qui ne pardonne pas : les lecteurs sont exigeants, et attendent d’un thriller qu’il soit parfait du début à la fin !

Mais il ne faut pas oublier que pour écrire un bon thriller, il faut, avant tout, avoir quelque chose à raconter. Le plus important, c’est l’histoire. Elle doit être passionnante et partir d’une idée forte. Je mets parfois plusieurs mois avant de trouver cette fameuse idée.

• Quand on devient un auteur à succès et que les lecteurs s’attachent aux personnages récurrents, prend-on en compte leurs remarques, leurs critiques et leur avis concernant l’évolution de ces mêmes personnages et de l’histoire en général pour l’écriture de ses futurs romans ?

J’ai toujours tenu compte de l’avis des lecteurs pour avancer. Un lecteur qui vient vous rencontrer et vous donne son ressenti sur votre roman raconte sa propre vérité. S’il a repéré une faille alors, c’est qu’il y a en probablement une. Grâce aux rencontres, j’ai appris à écrire certaines scènes différemment, à moins entrer dans la description pour laisser plus de place à l’imagination, etc. C’est aussi de là que m’est venue l’idée de faire de mes personnages des personnages récurrents : les lecteurs les réclamaient. Après tout, si je raconte des histoires, c’est pour les offrir à mes lecteurs. Il est donc essentiel que je tienne compte  de leurs avis en retour !

• Vos livres mélangent habilement fiction et réalité. La frontière entre les deux est parfois ténue, notamment pour vos lecteurs, si bien qu’il est parfois nécessaire de faire ses propres recherches pour s’y retrouver. Est-ce une volonté de votre part d’amener le lecteur à s’interroger au-delà du cadre de vos livres ?

Ecrire une histoire, c’est bien. Si en plus on peut amener le lecteur à s’interroger, si on peut lui apporter un peu de connaissance tout en le distrayant, c’est sans doute mieux ! Tous les « polars », à mon sens, partent avant tout d’un dysfonctionnement. Dysfonctionnement social ou politique pour le roman noir, dysfonctionnement d’un comportement dans une société réglementée pour le roman policier, dysfonctionnement neurologique, cérébral, pour mes romans par exemple… Evidemment, ce dysfonctionnement est un prétexte qui laisse la liberté d’expression à son auteur, pour parler de choses qui lui tiennent à coeur, le heurtent, l’émeuvent. Les auteurs n’ont pas tous les mêmes sensibilités, priorités et centres d’intérêt face au monde, et c’est justement ce qui, à mon sens, crée la diversité du genre « polar ». Moi, j’adore baser mes intrigues sur des thèmes scientifiques, médicaux : comprendre ce qui se passe dans l’esprit humain, et retransmettre ce savoir au lecteur. Souvent, mes lecteurs pensent que je suis médecin, neurologue ou médecin légiste, ce qui prouve que j’ai bien fait mon travail !

• Votre premier roman est paru en 2003 alors que vous aviez 30 ans. L’écriture a-t-elle depuis toujours fait partie de vos passions ou fut-elle une révélation à un moment particulier de votre vie ?

J’ai en effet commencé à écrire au début des années 2000, c’est donc assez récent. Comme je disais, l’écriture est surtout venue à moi par un besoin de ressortir toutes ces images de films de genre que j’avais accumulées depuis l’adolescence. Vers 27-28 ans, des scénarii ont commencé à se former dans ma tête, avec des personnages, une trame. Je me suis dit : « Tiens, cette histoire donnerait un film intéressant, un film qui, à moi, me plairait ! ». J’étais entré dans la vie professionnelle quelques années plus tôt, il était hors de question pour moi de tout plaquer pour “raconter des histoires”. Alors je me suis dit : cette histoire, je vais l’écrire pendant mon temps libre… Je me suis mis face à mon clavier d’ordinateur, et c’était parti.

 • Quand vous entrez en phase d’écriture, avez-vous des rituels qui vous permettent de « mieux » vous immerger dans vos écrits et d’être davantage inspiré ?

Pas de rituel particulier, non. J’écris uniquement la semaine, de 8h00 environ jusque 17h00, dans mon bureau au calme. Cela fait de grosses journées d’écriture qui me permettent d’avancer vite, de rester concentré sur mon histoire. Je n’écoute pas de musique, je n’ai pas d’objet fétiche et je ne fais pas de longue prière avant de commencer à écrire !

• Enfin, travaillez-vous actuellement sur un nouveau livre ? Si oui, retrouverons-nous Lucie et Franck ou de nouveaux personnages feront-ils leur apparition ?

Oui, je suis dans un nouveau roman, qui sortira probablement en octobre 2013. En fait, je pense que je vais alterner des histoires avec Lucie/Franck et des histoires « originales », avec des personnages nouveaux qui ne reviendront jamais. Ces histoires « originales » (comme Vertige, Fractures, …) ne mettent pas forcément en scène des policiers, mais sont des thrillers, des histoires  psychologiques avec de purs moments de suspense.

 • Un petit mot, une info exclusive pour les lecteurs du blog ?

Sur le prochain roman peut-être ? Il mettra en scène deux personnages d’une petite trentaine d’années, qui seront confrontés à un jeu dont personne ne connait les règles ni le but, et qui va transformer leur vie en enfer…

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Voilà en ce qui concerne l’interview. En plus d’avoir été un réel plaisir, cette interview a également été très encourageante et enrichissante pour moi car seulement certains d’entre vous le savent, j’écris depuis l’âge de 10 ans et mon rêve est de publier un jour un roman. Je me retrouve beaucoup en Franck Thilliez alors je caresse l’espoir que peut être un jour, moi aussi j’aurais mon nom sur une couverture cartonnée en vitrine… On a le droit de rêver, non ?

Merci en tout cas à Franck Thilliez pour sa sincérité et ses réponses complètes qui nous en dévoilent un peu plus sur de très beaux projets à venir…

(Par respect pour ma démarche personnelle, merci de ne pas recopier ou retranscrire ne serait-ce que partiellement cette interview sur vos sites/blogs sans demande préalable. Merci.)

10 réflexions sur « Interview : Franck Thilliez »

  1. Bravo pour cette interview ! Je ne connais pas cet auteur mais lire tout ça m’a donné envie de me pencher sur ses livres 🙂 En tout cas cette rubrique est une très bonne idée !

  2. Coucou 🙂 Je viens de lire ton interview ( grâce à insta). Et j’ai beaucoup aimé les questions que tu as posé. En tout cas je suis contente pour Syndrome [E], j’espère qu’ils respecteront l’histoire et tout et tout. J’ai hâte de voir ça.

    1. Coucou ! Merci de ta visite et merci pour le compliment.

      C’est vrai que quand on a aimé des romans, on souhaite avant tout que tout soit respecté dans une adaptation au ciné. Dans le cas présent, nous verrons bien !

  3. Tres belle interview qui nous permet d’en savoir plus sur cet auteur (que je ne connaissais pas pour ma part) Continue comme ca ! Super interessant je trouve !

  4. Félicitations pour ton interview, très intéressante à lire de bout en bout, même si je ne connaissais pas cet auteur. Pourtant je crois que j’ai un de ses livres dans ma bibliothèque, du coup je pense que je vais m’y mettre rapidement. J’aime particulièrement les questions portant sur les habitudes de travail des écrivains.

    1. Pareil pour les habitudes, je me demande toujours s’il y a des secrets pour arriver à bout de l’écriture d’un roman ! ^^ Contente que l’interview t’ait plu et je te conseille vivement de te plonger dans ses bouquins, ils sont vraiment géniaux !

  5. La lecture est une de mes grandes passions à moi aussi. La plus grande en fait 🙂
    Je suis aussi très thriller. De Thilliez, je n’ai lu que 2 romans, « La chambre des morts » et « La forêt des ombres » mais je compte bien en lire d’autres. J’ai d’ailleur « Deuils de miel » et « Train d’enfer pour ange rouge » dans ma PAL 🙂

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